Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/292

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CHAPITRE II.

Déraille à Wilhelm.

L’état où je suis me fait souvenir des tragédies d’Alfieri : comme les confidents en sont retranchés absolument, il faut que tout se passe en monologues. Et, en vérité, une correspondance avec vous ressemble parfaitement à un monologue : car vos réponses ne font proprement que reprendre vaguement, comme un écho, nos dernières syllabes pour les disperser dans l’air. Avez-vous répliqué une seule fois quelque chose à quoi l’on aurait pu répliquer à son tour ? Vos lettres sont résistantes, évasives : quand je me lève pour aller au-devant de vous, vous m’invitez à reprendre ma place.

Cela était écrit depuis quelques jours ; il se trouve maintenant un nouveau motif et une nouvelle occasion d’envoyer cette lettre à Lénardo. Elle vous trouvera auprès de lui, ou bien l’on saura vous trouver. Mais, où qu’elle puisse vous atteindre-, si, après l’avoir lue, vous ne bondissez pas de dessus votre siége, et n’accourez pas auprès de moi comme un pieux pèlerin, je vous déclare le plus homme de tous les hommes, c’est-à-dire n’ayant pas trace de la plus aimable qualité de notre sexe, j’entends la curiosité, qui, dans cet instant même, me tourmente au dernier point.

En deux mots, la clef de votre précieuse cassette est trouvée : mais il ne faut pas que personne le sache, excepté vous et moi. Voici comment elle est tombée dans mes mains.

Il y a quelques jours, notre bailli reçoit une missive d’une juridiction étrangère, qui lui demande si, à telle et telle date,