Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/428

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CHAPITRE XVIII.

La barque, éclairée par un ardent soleil de midi, descendait doucement la rivière ; un vent léger répandait quelque fraîcheur dans l’atmosphère embrasée ; de doux rivages offraient de part et d’autre un aspect très-simple, mais agréable. Les champs de blé côtoyaient la rivière, et le sol fertile arrivait si prociie, qu’à certaines places, où s’était jetée l’eau murmurante, elle avait attaqué la terre ameublie, l’avait entraînée, et il s’était formé des escarpements assez élevés.

Tout au bord de ces pentes rapides, à la place où peut-être avait passé le chemin de halage, notre ami voyait courir au galop un jeune cavalier de bonne mine et de taille robuste. Mais à peine on voulut l’observer plus attentivement, que la pelouse, qui surplombait, manqua sous lui, et le malheureux fut précipité dans l’eau, le cheval sur le cavalier. Sans perdre un instant, les bateliers voguèrent, aussi prompts que la flèche, droit au tourbillon, et ils eurent bientôt arraché à la rivière sa belle proie. Le jeune homme était gisant dans la barque, et paraissait sans vie : après un instant de réflexion, les mariniers gouvernèrent sur une saussaie graveleuse, qui s’était formée au milieu de la rivière. Aborder, porter le corps sur la rive, le déshabiller et l’essuyer, fut l’affaire d’un moment : mais la gracieuse fleur penchée sur leurs bras ne donnait encore aucun signe de vie.

Wilhelm prit sa lancette, il ouvrit la veine du bras : le sang jaillit en abondance, et, mêlé avec la vague, qui jouait en courant le long de la grève, il suivit la rivière tournoyante. La vie reparut. A peine le charitable chirurgien a-t-il attaché la bande,