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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/507

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pas besoin d’une grande clairvoyance pour découvrir qu’un soidisant cousin, arrivé avec elle, avait fixé son attention, et s’était fort avancé dans ses bonnes grâces.

Malgré la douleur extrême qu’il ressentait, Ferdinand recueillit ses forces ; la victoire qu’il avait déjà remportée sur lui-même, lui sembla possible une seconde fois. Il vit souvent Ottilie, et prit sur lui de l’observer ; il lui témoignait de l’amitié et même de la tendresse ; elle n’en faisait pas moins ; mais ses charmes avaient perdu beaucoup de leur pouvoir, et il ne tarda pas à sentir que rarement son langage partait du cœur ; qu’elle pouvait être à son gré froide et tendre, dédaigneuse et charmante, agréable et moqueuse. Le cœur de Ferdinand se dégagea peu à peu, et il résolut de rompre les derniers liens.

La chose fut plus douloureuse qu’il ne se l’était figuré. Il trouva Ottilie seule un jour, et il eut enfin le courage de lui rappeler sa parole donnée et ces moments dans lesquels, obéissant l’un et l’autre au plus tendre sentiment, ils avaient concerté ensemble le plan de leur avenir. Ottilie fut gracieuse et même tendre ; il fut touché, et, dans ce moment, il souhaita que les choses fussent autrement qu’il ne se l’était figuré ; mais il rassembla ses forces, et il exposa avec calme, avec amour, l’histoire de son établissement prochain. Elle parut y prendre intérêt ; elle regrettait seulement que leur union en dût être différée ; elle fit entendre qu’elle n’avait pas la moindre envie de quitter la ville ; elle laissa voir l’espérance que quelques années de travail dans ces lieux écartés le mettraient en état de faire une grande figure parmi ses concitoyens ; elle lui dit assez clairement qu’elle attendait de lui qu’il irait encore plus loin que son père, et se montrerait en tout plus remarquable et plus magnifique.

Ferdinand sentit trop bien qu’il ne pouvait attendre d’une pareille union aucun bonheur, et cependant il était difficile de renoncer à tant de charmes. Peut-être même se serait-il retiré tout à fait irrésolu, si le cousin n’était pas survenu et ne s’était pas montré, dans ses manières, trop familier avec Ottilie. Làdessus Ferdinand lui écrivit pour lui assurer encore une fois qu’elle pouvait faire son bonheur, si elle voulait le suivre dans sa nouvelle carrière. mais qu’il ne croyait pas sage, pour elle et