Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/111

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n’avaient garde de se livrer à des observations pareilles. Nous remarquâmes seulement qu’ils n’étaient pas fort bien disposés pour le voisin, et que l’affaire leur causait une maligne joie. On leur avait d’ailleurs promis une part du gâteau. Tout cela rendit l’opération plus facile, et il fallait qu’elle fût achevée en quelques heures. Noire hussard se montra aussi expéditif dans sa besogne que la bohémienne l’avait été dans la sienne. En attendant le résultat, nous nous étendîmes dans la forge de notre hôte sur de belles gerbes, et nous dormîmes doucement jusqu’au jour. Cependant notre hussard était venu à bout de son affaire ; un déjeuner se trouva prêt, et, le reste, on l’avait déjà empaqueté, après avoir fait aux hôtes leur part, au. vit chagrin de notre monde, qui soutenait qu’avec ces gens la bonté était mal placée, et qu’ils avaient encore bien des provisions cachées^ que nous n’avions pas su éventer.

En observant l’intérieur de la chambre, je trouvai à la fin une porte verrouillée, qui, d’après sa position, devait donner sur un jardin. Je pus voir, par une petite fenêtre à côté, que je ne me trompais pas. Le jardin était un peu plus élevé que la maison, et je le reconnus pour celui où nous nous étions pourvus de légumes le matin. La porte était barricadée, et si bien masquée par dehors, que je compris pourquoi je l’avais inutilement cherchée le matin. Il était donc écrit que, contre toute apparence, nous visiterions aussi la maison.

0 octobre 1792.

Dans de pareilles circonstances, on ne peut espérer un moment de repos, ni la moindre durée d’une situation quelconque. Au point du jour, tout le village fut soudain dans une grande agitation. C’était encore l’histoire du cheval échappé. Le cavalier, qui avait ordre de le recouvrer ou de subir sa peine et de suivre à pied, avait couru les villages voisins, où, pour se débarrasser de ses importunités, on avait fini par lui assurer que le cheval devait être caché à Sivry ; qu’on y avait enlevé, quelques semaines auparavant un cheval noir, tel qu’il le décrivait ; or, le cheval s’était échappé immédiatement avant Sivry, et l’on ajoutait encore d’autres indices. Il y vint, accompagné d’un