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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/345

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J’étais convaincu depuis longtemps, et surtout depuis quelques années, que les gazettes sont faites uniquement pour amuser la foule et l’éblouir sur le moment, soit qu’une force extérieure empêche le rédacteur de dire la vérité, soit que l’esprit de parti l’en détourne : aussi n’en lisais-je plus aucune. Des amis curieux de nouvelles m’informaient des principaux événements, et je n’avais d’ailleurs rien à chercher dans les affaires du temps, Cependant la Gazette universelle (Allgemeine Zeitung), qui m’était régulièrement envoyée, grâce à l’obligeance de Cotta, s’était amoncelée chez moi. Un soigneux ami avait fait relier les années 1806 et 1807, comme je me disposais à partir pour Carlsbad ; et, quoique l’expérience m’ait appris à emporter peu de livres dans ces occasions, parce que nous faisons peu d’usage de ceux que nous avons ainsi sous la main, et que nous lisons plutôt ceux que des amis nous prêtent accidentellement, il me parut commode et agréable d’emporter cette bibliothèque politique, et je ne fus pas le seul à y trouver une instruction et un délassement inattendus : des amis, qui virent ces volumes chez moi, me les demandèrent tour à tour, si bien qu’à la fin je ne pouvais plus les ravoir. Et peut-être cette feuille montrait-elle son mérite particulier en ce que, si elle dissimulait çk et là avec une sage lenteur, elle n’hésitait pas à communiquer peu à peu conscieusement ce qui devait éclairer l’observateur réfléchi.

Cependant la situation du moment était toujours assez inquiétante, en sorte que les diverses nationalités qui s’étaient réunies dans ce lieu salutaire éprouvaient les unes à l’égard des autres une certaine appréhension, et s’abstenaient par conséquent de toute conversation politique. La lecture de ces feuilles en devait donc être d’autant plus recherchée, pour suppléer au besoin vivement senti.

Je repris mes conversations ordinaires avec de savants géologues, comme si nous nous fussions quittés la veille. J’eus le plaisir de voir que les collections de Joseph Muller prenaient toujours plus de faveur. Je le visitais journellement sur le chemin de Neubrounnen, et je trouvais toujours auprès de lui une conversation instructive.

Ces objets peuvent sembler par trop secs et matériels, mais je