Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/402

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deux hommes, n’aime-t-il pas à se transporter dans leur siècle, dans leurs entours, chez leurs contemporains, pour nous transmettre une vive image de ce passé ! Et il y réussit étonnamment. Peut-être voudrait-on trouver riiez lui plus de bienveillance pour les hommes dont il s’occupe ; mais il craint tellement d’être partial, qu’il préfère prendre parti contre eux plutôt que pour eux.

Il y a deux règles de traduction : l’une demande que l’auteur étranger soit transporté chez nous, de telle sorte que nous puissions le considérer comme un des nôires ; l’autre règle exige, au contraire, qu’on se transporte chez l’étranger et qu’on s’accommode à sa situation, à son langage, à ses particularités. Les avantages de l’un et de l’autre système sont assez connus, par d’excellents exemples, de tous les hommes cultivés. Notre ami, qui cherchait encore ici la voie moyenne, s’efforçait d’unir les deux manières, mais en homme de sentiment et de goût, dans les cas douteux, il inclinait pour la première.

Personne peut-être n’a senti aussi profondément combien une traduction est une œuvre complexe. Comme il était profondément convaincu que ce n’est pas le mot, mais l’esprit qui vivifie ! Qu’on observe comme il s’efforce dans ces introductions de nous transporter d’abord dans l’époque, de nous familiariser avec les personnages ; comme il fait ensuite parler son auteur d’une manière qui nous est déjà connue, en relation avec notre esprit et notre oreille, comme il cherche enfin à expliquer, à éclaircir dans des notes les particularités qui pourraientrester obscures, éveiller des doutes, paraître choquantes ! On voit bien qu’il a commencé par se rendre maître de son sujet ; par un travail consciencieuXj il veut nous mettre en état de nous instruire et de jouir avec lui.

Quoiqu’il possédât plusieurs langues, il s’attachait fermement aux deux dans lesquelles le mérite et la dignité du monde antique nous ont été transmises de la manière la plus pure. Car nous ne voulons pas nier qu’on a découvert et qu’on pourra découvrir encore des trésors en fouillant d’autres littératures anciennes ; mais on ne nous contestera pas que la langue des Grecs et celle des Romains nous ont transmis jusqu’à ce jour de précieuses richesses, égales pour le fond à ce que les autres ont de meilleur, et préférables à toutes pour la forme.