Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/403

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La constitution de l’Empire germanique, qui renfermait en elle tant de petits États, ressemblait en cela à la constitution de la Grèce. La moindre ville, inapparente, même invisible, ayant des intérêts particuliers, devait les soigner, les maintenir, les défendre contre les voisins. De là, sa jeunesse était promptement rendue attentive et obligée de réfléchir aux affaires d’État. Wieland, comme officier de la chancellerie d’une des plus petites villes impériales, eut aussi lieu de se montrer patriote et démagogue dans le meilleur sens du mot. On le vit même une fois, pour un objet de ce genre, s’attirer la disgrâce temporaire du comte Stadion, son voisin et son protecteur, plutôt que de céder en mauvais patriote.

Son Agathon nous apprend déjà qu’en pela comme dans le reste, il était ami de ta règle : cependant ces choses lui inspiraient tant d’intérêt que, dans la suite, tous ses travaux et ses goûts ne l’empêchèrent pas d’y arrêter ses pensées, et il s’y sentit de nouveau appelé d’une façon particulière, quand il dut se promettre une influence marquée sur l’éducation de princes d’une grande espérance.

Tous les ouvrages qu’il publia dans ce genre révèlent un esprit cosmopolite, et comme ils furent écrits à une époque où la puissance monarchique n’était pas encore ébranlée, l’affaire principale de Wieland est de représenter vivement aux potentats leurs devoirs, et de leur montrer le bonheur qu’ils trouveront à rendre leurs sujets heureux.

Mais le temps arriva où une nation soulevée renversa tout ce qui avait subsisté jusqu’alors, et semblait appeler les esprits de tous les habitants de la terre à une législation générale. Il s’explique aussi sur ce sujet avec une prudente modestie, et, par de sages représentations, qu’il déguise sous différentes formes, il cherche à établir un contre-poids dans la multitude agitée. Mais, le tumulte de l’anarchie devenant toujours plus violent, et l’union volontaire de la masse paraissant impossible, il est le premier qui revienne à conseiller la monarchie, et qui désigne l’homme1 capable d’accomplir le miracle de la restauration.


1. Napoléon 1".