maintenir courageusement au faîte de ces barbares avantages est notre devoir ; mais c’est notre devoir aussi de bien connaitre et d’apprécier loyalement les idées, les jugements et les convictions des autres, ce qu’ils font et ce qu’ils produisent.
PALISSOT.
NÉ A NANCY, 1730.
Palissot était une de ces natures moyennes qui aspirent au grand sans pouvoir y atteindre, et qui fuient le vulgaire, auquel elles ne peuvent échapper. Si l’on veut être équitable, on le comptera au nombre des bonnes têtes. Il ne manque pas de clarté d’esprit, de vivacité, d’un certain talent, mais ce sont justement ces hommes qui affichent toute sorte de prétentions. Comme ils mesurent tout d’après une certaine petite échelle, il leur manque le sens de l’extraordinaire, et comme ils se montrent justes envers l’ordinaire, ils deviennent injustes envers le mérite éminent, surtout au début, quand il s’annonce. C’est ainsi que Palissot se méprit sur Jean-Jacques Rousseau.
Le roi Stanislas érigeait à Nancy une statue de Louis XV. On désirait pour la consécration (6 novembre 1755) une pièce de théâtre analogue. Palissot, dont le talent avait sans doute éveillé la confiance de sa ville natale, fut chargé de l’exécution. . Un véritable poète eût saisi cette occasion pour offrir un noble et digne spectacle : l’homme d’esprit ne chercha qu’à se débarrasser de cette heureuse matière par un prologue allégorique, qu’il fit suivre d’une pièce à tiroirs, le Cercle, dans laquelle il se complut à traiter ce qui était le plus à la portée d’un petit littérateur tel que lui.
Dans cette pièce paraissaient des poètes exagérés, des protecteurs et des protectrices d’humeur orgueileuse, des femmes savantes et d’autres personnages pareils, dont les originaux ne sont pas rares, dès que les arts et les sciences agissent sur la vie. Ce qu’ils peuvent avoir de ridicule est exagéré dans cette pièce jusqu’à l’absurde, et pourtant on a toujours lieu de s’ap-