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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/452

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restaurée et respectée. On posa des fenêtres et une partie du carrelage ; on dressa des échafaudages, pour examiner s’il y avait encore quelque chose à faire. On rejeta la porte dans le côté, et, depuis lors, on ne trouve aucun changement remarquable, quoique le tableau paraisse plus ou moins sombre à l’observaleur attentif, selon l’état de l’atmosphère. Puisque l’ouvragé est, on peut dire, perdu, que du moins la trace en soit désormais conservée, comme un triste et pieux souvenir !

DES COPIES EN GÉNÉRAL.

Avant d’en venir aux copies de notre tableau, dont on compte une trentaine, disons quelques- mots des copies en général. Elles ne furent pas en usage avant que tout le monde eût reconnu que l’art avait atteint son point culminant. Alors les faibles talents, contemplant les ouvrages des grands maîtres, désespérèrent de produire par leurs propres forces, soit d’après nature, soit d’imagination, quelque chose de pareil ; l’art devint un métier, et il commença à répéter ses propres créations. Cette incapacité de la plupart des artistes ne fut pas un mystère pour les amateurs, qui, ne pouvant s’adresser toujours aux premiers maîtres, appelèrent et payèrent des talents inférieurs, et, pour ne pas en recevoir quelque chose de tout à fait manqué, pour être jusqu’à un certain point bien servis, aimèrent mieux leur commander des copies d’ouvrages d’un mérite reconnu. Les amateurs et les artistes favorisèrent cette nouvelle habitude par lésinerie et par précipitation, et l’art s’abaissa de propos délibéré à copier par principe.

Dans le quatorzième et le quinzième siècles, les artistes avaient d’eux-mêmes et de l’art une haute idée, et ils ne se résignaient guère à répéter les inventions d’autrui. Aussi ne voit-on de ce temps-là point de véritables copies : circonstance que doit bien .remarquer tout homme qui cultive l’histoire de l’art. Les arts inférieurs se servaient bien pour de petits travaux de plus grands modèles, comme cela est arrivé dans le guillochis et d’autres ouvrages d’émailleur ; et quand des motifs religieux ou autres faisaient demander une reproduction, on se contentait d’une imitation inexacte, qui exprimait à peu près l’action et le