Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/459

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la figure humaine. Le corps humain, et surtout le visage, est réduit, d’après les lois de la nature à une certaine dimension, qu’il ne doit pas excéder, pour paraître régulier, caractéristique, beau, spirituel. Essayons de nous regarder dans un miroir concave, et nous serons effrayés de l’objet uniforme, inanimé, inculte, qui s’offre à nous comme une tête de Méduse. Il arrive quelque chose de pareil à l’artiste sous les mains duquel doit se former un visage énorme. Un tableau s’anime par le détail : or, pour représenter le détail, il faut descendre aux particularités ; mais où les trouver, quand les parties se développent et se généralisent ?

Nous ne pouvons plus juger du haut degré de fini que Léonard avait donné à ses têtes. Dans celles de Vespino, que nous avons sous les yeux, quelques éloges et quelque reconnaissance que nous devions à son travail, on sent un certain vide, qui délaye sous l’enflure le caractère qu’on a voulu exprimer. Cependant elles sont imposantes par la grandeur, assez hardiment exécutées, et elles doivent produire de loin un assez grand effet. Bossi les trouvait devant lui ; le travail de l’agrandissement, qu’il aurait dû entreprendre à ses risques et périls d’après ses petites copies, ce travail était fait : pourquoi ne s’en serait-il pas contenté ? En homme d’un caractère vif, il s’était décidé pour ce qu’il avait devant lui ; il avait rejeté complétement ce qui se trouvait à côté ou qui lui faisait obstacle : de là son injustice envers la copie de Castellazzo et sa ferme confiance dans les principes qu’il s’était faits d’après les ouvrages et les écrits du maître. Là-dessus il entra publiquement en lutte avec le comte Verri, et en désaccord, sinon en mésintelligence, avec ses meilleurs amis.

UN COUP D’OEIL SUR LÉONARD DE VINCI.

Avant d’aller plus loin, nous avons à dire quelques mots sur la personne et les talents de Léonard. Les dons variés que lui avait faits la nature se concentraient principalement dans l’œil : de là vient qu’élant capable de tout, il se montra surtout un grand peintre. D’une taille belle et régulière, il semblait un modèle de la figure humaine, et, comme la force compréhen-