Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/480

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des festins joyeux et des compagnies de buveurs, où l’homme doit s’ouvrir, les cœurs s’épancher dans les cœurs, et la joie sociable former les plus aimables nœuds.

Avec une sainte et solennell»gravité, il montre le vrai mérite en regard du faux ; tantôt il punit par la moquerie la vanité exclusive, tantôt il cherche à ramener avec amour celuiqui s’égare.

Mais, s’il voit les avantages natif ? relevés par un mérite propre, il témoigne une sincère estime et se fait les plus dignes amis.

Il prend d’ailleurs une part passagère au poëlique sentiment de liberté, éveillé et entretenu en Allemagne par des peintures idéales, durant la jouissance d’une paix de dix ans. Des jeunes gens bien intentionnés, qui transportaient dans la vie et dans les arts le sentiment de l’indépendance universitaire, devaient trouver tant de choses oppressives et irrégulières dans les combinaisons de l’administration civile, qu’ils se faisaient un devoir de méditer le rétablissement du droit et de la liberté, sinon en particulier, du moins en général. Nuls ennemis extérieurs ne menaçaient la patrie, mais on"croyait les trouver à l’intérieur, dans tel et tel tribunal, dans les châteaux, dans les cabinets, dans les cours, et Klopstock lui-même ayant fourni une sorte de base à l’imagination allemande en introduisant le chœur des bardes dans le bois sacré de chênes, ayant maintes fois battu les Romains avec le secours du chant, il devait naturellement se trouver parmi les jeunes hommes des bardes, avec ou sans vocation, qui useraient et abuseraient quelque temps de leur verve. On ne blâmera donc pas notre poète, dont le patriotisme se déploya plus tard si noblement, d’avoir-voulu, comme les autres, teindre parfois les flots du Rhin avec le sang des tyrans, pour briser les chaînes de la réalité.

Dans la suite, il ne fut ni vivement ni longtemps attiré vers la liberté’ française ; il fut bientôt repoussé par les résultais de cette tentative malheureuse, et il rentra sans chagrin dans le sein de la liberté morale et civile.

Dans la sphère des arts, il laisse quelquefois aussi paraître son mécontentement : surtout il se prononce énergiquement, on peut dire même durement, contre ces diverses tentatives mal sûres qui jetèrent quelque temps la confusion dans la poésie