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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/121

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COMPARÉE.

veaux détails, qu’un besoin de produire me soutenait dans les efforts que je faisais pour résoudre ce problème difficile. Mon esprit s’exerçait sur un sujet des plus élevés, en ce qu’il cherchait à approfondir et à analyser la valeur intime des êtres vivants. Mais un semblable travail est nécessairement sans résultat si l’on ne s’y livre pas tout entier.

Comme je m’étais engagé dans ces régions de mon plein gré et dans un but spécial, j’étais obligé de voir par mes propres yeux, et je m’aperçus bientôt que les hommes les plus éminents dans le métier pouvaient bien se détourner quelquefois, par conviction, de la route battue, mais qu’ils ne la quittaient jamais complétement pour entrer dans une voie nouvelle, parce qu’ils trouvaient plus commode, pour eux et pour les autres, de suivre le grand chemin, et d’aborder des rives déjà connues. Je fis encore d’autres remarques singulières, savoir : qu’on se plaisait généralement dans le difficile et le merveilleux, espérant qu’il en sortirait quelque découverte remarquable.

Quant à moi, je persistai dans mon projet, je continuai ma route en cherchant à utiliser tous les moyens qui s’offraient à moi pour séparer et distinguer ; moyens qui avancent considérablement le travail si l’on sait s’arrêter à temps et faire des rapprochements opportuns. Je ne pouvais suivre la méthode des anciens, tels que Gallien et Vésale ; car en quoi l’intelligence des sujets peut-elle devenir plus parfaite si l’on désigne par des chiffres des parties osseuses, unies ou séparées l’une de l’autre, et considérées arbitrairement comme des unités ? Quelle vue générale en peut-il résulter ? Il est vrai qu’on était revenu peu à peu de cette mauvaise manière, mais on ne l’avait pas abandonnée à dessein et par principe ; ainsi l’on réunissait toujours des parties soudées, à la vérité, mais qui n’étaient pas les parties d’un même