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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/122

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ANATOMIE

tout ; et l’on rapprochait de nouveau avec une persévérance singulière, ce que le temps, qui toujours amène le triomphe de la raison, avait déjà séparé depuis long-temps.

Ainsi donc, quand je comparais entre eux des organes identiques dans leur nature intime, mais différents en apparence, j’avais toujours présente à l’esprit cette idée, que l’on doit chercher à déterminer la destination d’un organe en lui-même, et ses rapports avec l’ensemble ; reconnaître les droits de chaque organe isolé, sans méconnaître son influence sur le tout ; double point de vue duquel résultent la nécessité, l’utilité et la convenance de l’être vivant.

On se rappelle combien la démonstration du sphénoïde était autrefois difficile. On ne pouvait en saisir les formes compliquées, ni se fixer dans la mémoire cette terminologie embrouillée ; mais du jour où l’on eut compris qu’il était composé de deux os différant peu l’un de l’autre, tout se simplifia et s’anima pour ainsi dire.

Lorsqu’on démontrait ensemble les organes de l’ouïe et les os qui les entourent, la confusion devenait telle que l’on était conduit naturellement à se rappeler la séparation qui a lieu chez beaucoup d’animaux ; et l’on considérait comme étant séparé et devant être séparé en trois parties, l’os que l’on envisageait auparavant comme un tout unique.

Je regardai la mâchoire inférieure comme tout-à-fait distincte du crâne et comme appartenant aux organes appendiculaires ; je l’assimilai donc aux extrémités antérieures et postérieures. Quoique dans les mammifères elle ne se compose que de deux parties, sa forme, sa courbure, son union avec le crâne, les dents qui s’y développent, tout me fit penser qu’elle était la réunion de plusieurs os formant par leur ensemble un instrument dont le mécanisme est si admirable. Je me