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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/142

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ANATOMIE

Aussi ne voyons-nous pas en lui un être isolé, mais plusieurs réunis par un pédicule ou un tube avec lequel ils peuvent se fixer, et dont l’extrémité inférieure se dilate comme un utérus, et possède la propriété de sécréter des coquilles à l’extérieur. Il existe donc sur la peau de ce pédicule des places régulières, correspondantes à certaines parties internes de l’animal ; ce sont cinq points déterminés d’avance, où se forme la substance calcaire, et qui s’accroissent jusqu’à une certaine limite, à partir du moment où ils commencent à se montrer.

Nous pourrions observer pendant long-temps le Lepas anatifera sans acquérir plus de lumières sur ce phénomène ; mais l’examen d’une espèce voisine, le Lepas polliceps, nous conduit à des vues générales et profondes. L’organisation de l’ensemble est la même, mais la peau du pédicule n’est pas unie ou bien seulement ridée comme dans l’autre ; elle est rugueuse et parsemée d’un grand nombre de petits points saillants arrondis et tellement rapprochés qu’ils se touchent. Nous nous permettrons de soutenir que chacune de ces petites élévations a reçu de la nature la faculté de former une coquille ; et nous le croyons tellement, qu’avec un grossissement médiocre nous serions certains de le voir. Mais ces points ne sont des coquilles que dans le possible, et elles ne se réalisent pas, tant que le pédicule conserve les dimensions étroites qu’il a naturellement au commencement de sa formation. Mais dès que l’enveloppe immédiate de la partie inférieure s’étend, alors l’existence des coquilles possibles tend à se réaliser. Dans le Lepas anatifera, leur nombre est borné ; dans le Lepas polliceps, la même loi subsiste toujours, seulement les nombres ne sont pas limités ; car derrière les cinq centres principaux de la coquille il se forme des coquilles supplémentaires dont l’animal a besoin pour se couvrir et se défendre, à mesure qu’il prend de l’accrois-