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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/151

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COMPARÉE.

des bas-reliefs, des pierres gravées et des monnaies, elles sont pleines de charme, mais lorsqu’elles se combinent entre elles ou avec d’autres ornements, il en résulte des compositions on ne peut plus agréablement significatives. Avec quelle grâce une corne d’abondance se contourne autour du bras d’une divinité bienfaisante !

Puisque Hogarth a poursuivi l’idée du beau jusque dans ses abstractions, il n’est point étonnant que cette abstraction produise une impression agréable lorsqu’elle est réalisée à nos yeux. Je me souviens d’avoir vu en Sicile, dans la grande plaine de Catane, un troupeau de bœufs de petite taille, mais bien modelés et de couleur brune. Lorsque ces animaux levaient leur jolie tête, ornée de cornes gracieusement contournées et animée par de beaux yeux, ils produisaient sur moi une impression si vive, qu’elle ne s’est jamais effacée depuis. Aussi le cultivateur, auquel ce gracieux animal est d’ailleurs si utile, ne saurait-il voir sans un vif sentiment de plaisir se balancer dans une prairie ces têtes ornées de cornes gracieuses, dont l’élégance le charme sans qu’il sache dire pourquoi. Ne cherchons-nous point sans cesse à unir l’agréable à l’utile, et à orner les objets dont nous faisons un usage habituel ?

On a vu par ce qui précède que la nature, par une concentration particulière, tourne pour ainsi dire les cornes du taureau sauvage contre lui-même, et le prive d’une arme qui lui serait si utile dans l’état de nature ; mais nous avons vu aussi que dans l’état domestique ces cornes prennent une direction bien différente, en ce qu’elles se dirigent en dehors et en haut avec beaucoup de grâce. La corne obéit, en se contournant élégamment, à la direction qui lui est donnée par les proéminences ; elle couvre d’abord la petite proéminence, se distend à mesure que celle-ci se développe,