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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/152

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ANATOMIE

et laisse apercevoir enfin une structure annulaire et écailleuse. Celle-ci disparaît lorsque la proéminence commence à s’effiler par le bout ; la corne se concentre de plus en plus jusqu’à ce qu’elle dépasse enfin la proéminence, et se termine comme une partie organique accomplie.

Si la domesticité a pu produire ce résultat, il n’y a rien d’étonnant que le laboureur mette du prix à ce que ses troupeaux possèdent, entre autres perfections, des cornes courbées symétriquement. Cette disposition étant sujette à varier, parce que la corne se recourbe tantôt en avant, tantôt en arrière, et même en bas, les connaisseurs cherchent à combattre de leur mieux ces déviations.

J’ai pu observer comment on y parvient, pendant mon dernier séjour dans le district d’Éger, en Bohême. Les bêtes à cornes sont d’une haute importance pour l’agriculture du pays, et autrefois elles étaient l’objet d’un commerce important ; encore aujourd’hui on a poussé très loin, dans quelques localités, l’art de les élever.

Lorsque les cornes, par suite d’une disposition anormale ou morbide, menacent de prendre une fausse direction, alors on emploie, pour leur rendre la forme voulue, une machine avec laquelle on bride les cornes, c’est l’expression consacrée pour désigner cette opération. Cette machine est en fer ou en bois : celle en fer se compose de deux anneaux qui, réunis par plusieurs chaînons et une verge rigide, peuvent être rapprochés ou éloignés par le moyen d’une vis. On place les anneaux, après les avoir entourés d’un bourrelet, sur les cornes, et, en serrant ou desserrant la bride, on leur donne la direction que l’on veut. Un instrument de ce genre se trouve dans le musée d’Iéna.

Les anciens avaient fait les mêmes remarques en effet, Virgile dit, Georg. III, v. 51 :