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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/174

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ANATOMIE

Tout événement important doit être considéré et jugé sous le point de vue éthique, c’est-à-dire que l’influence du caractère individuel et de la position personnelle des acteurs mérite d’être exactement appréciée. De là le besoin que nous éprouvons de donner une courte notice biographique sur les deux hommes dont nous nous occupons.

Geoffroy-St-Hilaire, né à Étampes en 1772, fut nommé professeur de zoologie en 1793, à l’époque où le Jardin des Plantes fut érigé en école publique d’enseignement ; peu de temps après, Cuvier y fut aussi appelé. Tous les deux se mirent à travailler ensemble avec zèle, ignorant combien la tendance de leurs esprits était diverse. En 1798, l’aventureuse et mystérieuse expédition d’Égypte enleva Geoffroy-St-Hilaire aux travaux de professorat ; mais il s’affermit tous les jours dans sa marche synthétique, et trouva l’occasion d’appliquer sa méthode, dans la portion du grand ouvrage sur l’Égypte dont il est l’auteur. La haute estime qu’il sut inspirer au gouvernement, par ses lumières et par son caractère, lui fit confier, en 1808, la mission d’organiser les études en Portugal ; son voyage enrichit le Muséum de Paris de plusieurs objets importants. Quoiqu’il fût uniquement absorbé par ses travaux, la nation voulut l’avoir pour représentant ; mais une arène politique n’était pas le théâtre qui lui convenait, et jamais il ne monta à la tribune.

C’est en 1818 qu’il proclama pour la première fois les principes suivant lesquels il étudiait la nature, et formula ainsi son opinion[1] : « L’organisation des animaux est soumise à un plan général qui, en se modifiant dans les diverses parties, produit les différences qu’on observe entre eux. »

  1. Philosophie anatomique, 8o. Paris 1818.