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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/181

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COMPARÉE.

ton, vieux lui-même, fut appelé à lui succéder, et c’est lui qui choisit Geoffroy Saint-Hilaire, alors fort jeune, pour son collaborateur. Bientôt celui-ci écrivit à Cuvier pour l’engager à devenir son collègue. Chose remarquable ! la même antipathie qui avait autrefois éloigné Buffon et Daubenton l’un de l’autre, renait plus vive que jamais entre ces deux hommes éminents. Cuvier, ordonnateur systématique, s’en tient aux faits particuliers, car une vue plus étendue l’aurait forcé inévitablement à ériger un type. Geoffroy, fidèle à sa méthode, s’efforce de comprendre l’ensemble, mais il ne se borne pas comme Buffon à la nature actuelle, existante, achevée ; il l’étudie dans son germe, son développement, son avenir. La vieille querelle n’était donc pas éteinte, elle prenait au contraire chaque jour de nouvelles forces, mais une sociabilité plus perfectionnée, certaines contenances, des ménagements réciproques éloignaient d’année en année le moment d’une rupture, lorsqu’une circonstance, peu importante en apparence, mit en contact, comme dans la bouteille de Leyde, les électricités de nom contraire, et détermina ainsi une explosion violente.

La crainte des répétitions ne saurait nous empêcher de continuer nos réflexions sur ces quatre hommes, dont les noms reviennent sans cesse dans l’histoire des sciences naturelles. De l’aveu de tous, ils sont les fondateurs et les soutiens de l’histoire naturelle française, le foyer éclatant qui a répandu tant de lumières. L’établissement important qu’ils dirigent s’est accru par leurs soins ; ils en ont utilisé les trésors, et représentent dignement la science qu’ils ont fait avancer, les uns par l’analyse, les autres par la synthèse. Buffon prend le monde extérieur comme il est, comme un tout infiniment diversifié dont les diverses parties se conviennent et s’influencent réciproquement. Daubenton, en sa qua-