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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/204

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BOTANIQUE.

L’auteur a déjà abordé ce sujet dans ses cahiers sur la morphologie ; mais il veut ici compléter ces notes, et présenter l’exposé historique de ses travaux, en parlant à la première personne.

Né et élevé dans une ville considérable[1], mes premières études furent dirigées vers la connaissance des langues anciennes et modernes ; des essais littéraires et poétiques complétèrent de bonne heure ces premiers travaux, auxquels se joignit tout ce qui peut mener à la connaissance de l’homme, considéré sous le point de vue moral et religieux.

C’est aussi dans de grandes villes que mon éducation s’acheva ; il en résulte que toute l’activité de mon intelligence dut obéir à l’influence des habitudes sociales, et se porter vers l’élément qui en fait le plus grand charme, et qu’on désignait alors sous le nom de belles-lettres.

Je n’avais aucune notion sur le monde extérieur, et pas la plus légère idée de ce que l’on désigne sous le nom des trois règnes de la nature. Dès mon enfance j’avais vu admirer, dans les carrés d’un parterre, des tulipes, des œillets et des renoncules ; quand les arbres du jardin donnaient une abondante récolte de fruits, et surtout d’abricots, de pêches et de raisins, alors jeunes et vieux étaient ravis : mais on ne s’occupait pas des plantes exotiques, et dans les écoles il n’était nullement question d’histoire naturelle.

Mes premiers essais poétiques furent accueillis avec faveur, et cependant ils peignaient toujours l’homme intérieur, et supposaient seulement la connaissance des émotions de l’âme. Çà et là on aperçoit quelque trace d’un amour passionné pour la campagne, et d’un besoin sérieux de pénétrer le grand secret de la création et de l’anéantissement continuel des êtres ; mais ce be-

  1. Francfort-sur-le-Mein.