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BOTANIQUE.

peu les nombreux végétaux qui croissent dans les environs d’Iéna.

Le petit-fils, Frédéric Gottlieb Dietrich, contribua plus que tous les autres à mes progrès ; c’était un jeune homme d’une belle stature, d’une physionomie aimable et prévenante ; dans son ardeur impatiente il aurait voulu embrasser à la fois l’étude du règne végétal tout entier ; son heureuse mémoire retenait tous les noms les plus bizarres, et les lui rappelait à l’instant même, dès qu’il en avait besoin. Il me plut, parce que son caractère franc et ouvert se peignait dans toutes ses actions, et je l’emmenai avec moi à Carlsbad.

Dans les pays de montagnes il courait toujours à pied, et ramassait tout ce qu’il trouvait en fleur, puis il apportait son butin dans ma voiture, le plus souvent au lieu même où il l’avait recueilli, et proclamait, avec l’aplomb d’un homme sûr de son fait, les noms linnéens, non sans blesser souvent les règles de la prosodie.

J’entrai ainsi, d’une manière nouvelle, en communication avec la nature ; je jouissais de ses merveilles, et, en même temps, les dénominations scientifiques qui frappaient mon oreille étaient l’écho lointain de la science qui me parlait du fond de son sanctuaire.

À Carlsbad, Dietrich était toujours avant le jour dans les montagnes, et, avant que j’eusse bu mes verres d’eau, il m’apportait à la source une riche collection de fleurs. Tout le monde, mais surtout ceux qui s’occupaient de cette belle étude, prenaient part à mes plaisirs. C’était en effet une science bien faite pour séduire, que celle qui se présentait sous la forme d’un beau jeune homme chargé de plantes en fleurs, et donnant à chacune son nom d’origine grecque, latine ou barbare ; aussi la plupart des hommes et même quelques dames cédèrent à l’entraînement général.

Les savants de profession trouveront peut-être notre