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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/211

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BOTANIQUE.

méthode bien empirique, mais elle eut l’avantage de nous attirer la faveur d’un habile médecin qui accompagnait aux eaux un grand seigneur fort riche. Ses connaissances en botanique étaient très étendues, et, voulant profiter de son séjour à Carlsbad pour les augmenter encore, il se réunit à nous. Nous l’aidâmes de tout notre pouvoir ; il séchait, déterminait et classait les plantes rapportées par Dietrich, et y joignait le plus souvent quelques observations. Je ne pouvais que gagner à tout cela ; les noms souvent répétés finissaient par se graver dans ma mémoire ; je devins ainsi plus habile dans l’art d’analyser les fleurs, sans arriver néanmoins à un grand résultat. Séparer et compter n’étaient pas dans ma nature.

Nos travaux assidus trouvèrent des opposants dans la haute société. Nous entendions souvent répéter que cette Botanique, dont nous poursuivions l’étude avec tant d’ardeur, n’était qu’une science de mots, fondée presqu’en entier sur des chiffres, qui ne pouvait satisfaire ni la raison ni l’imagination, parce que personne ne pourrait jamais y découvrir une série de lois enchaînées les unes aux autres. Nous laissions dire et poursuivions tranquillement notre chemin, car chaque jour était marqué par nos progrès dans la connaissance des végétaux.

La vie de Dietrich ne démentit pas les espérances qu’il avait données. Il marcha sans relâche dans la voie qu’il s’était ouverte, se fit connaître comme écrivain, obtint le grade de docteur, et dirige maintenant avec zèle et intelligence les jardins du grand-duc à Eisenach.

Charles-Auguste Batsch était le fils d’un homme universellement aimé et estimé à Weimar ; il fit de bonnes études à Iéna, s’appliqua principalement aux sciences naturelles, et ses progrès furent tels qu’on le fit venir à Koestritz pour classer une collection d’his-