Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
BOTANIQUE.

toire naturelle appartenant aux comtes de Reuss, et la diriger pendant quelque temps. Il revint ensuite à Weimar, et pendant un hiver fatal aux plantes par sa rigueur, je fis sa connaissance, sur un étang où la bonne société avait coutume de se rendre pour patiner. J’appréciai bientôt son assurance pleine de modestie et l’ardeur qu’il cachait sous un calme apparent. Nous nous entretenions librement et avec suite, en courant sur la glace, des grandes questions de la botanique et des méthodes les plus propres à faire avancer cette science.

Il avait des idées qui répondaient singulièrement à mes besoins et à mes désirs. Ranger les plantes dans un ordre ascendant, par familles de plus en plus complexes, tel était son plan favori. La méthode naturelle, dont Linnée appelait l’apparition de tous ses vœux, et que les botanistes français suivaient dans la théorie comme dans la pratique, l’occupa pendant toute sa vie, et je fus heureux d’en tenir quelque chose de la première main.

Ces deux jeunes gens avaient favorisé singulièrement mes progrès, mais je ne leur devais pas tout. Un homme avancé en âge y contribua beaucoup pour sa part ; c’était le conseiller Büttner. Il avait apporté sa précieuse bibliothèque de Goettingue à Iéna ; je reçus du prince, qui en avait fait l’acquisition pour nous et pour lui, la mission de la mettre en ordre d’après les idées du fondateur qui en demeurait possesseur ; nous fûmes donc en relation habituelle. Lui-même était une bibliothèque vivante, ayant à toutes les questions une réponse satisfaisante et longuement motivée ; la botanique était son sujet de conversation favori.

Contemporain de Linnée, non seulement il ne niait pas, mais il exprimait avec passion combien il avait toujours lutté en secret contre cet homme qui remplissait le monde de son nom. Son système ne l’avait jamais