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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/213

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BOTANIQUE.

satisfait ; toujours il s’était efforcé de ranger les plantes par familles et de s’élever de la plus simple de toutes qui est presque invisible, aux végétaux les plus grands et les plus complexes. Il aimait à faire voir un tableau écrit avec soin, où les genres étaient ainsi disposés. Pour mon compte, j’y puisais l’assurance que je n’étais pas engagé dans une fausse voie.

On voit par ce qui précède combien la position dans laquelle je me suis trouvé était avantageuse pour me livrer à ce genre d’étude. De grands jardins dans le voisinage de la ville et annexés au palais, un pays couvert de nombreuses plantations d’arbres et d’arbustes, le secours d’une flore locale complète, le voisinage d’une université florissante, tout me favorisait pour avancer dans la connaissance du règne végétal.

Pendant que mes idées sur la botanique s’étendaient, en se complétant par l’influence d’un commerce habituel avec des hommes actifs et laborieux, j’appris à connaître un ami de la solitude et des plantes, qui s’était voué à leur étude avec une sérieuse persévérance. Qui n’a pas suivi, dans ses promenades solitaires, cet illustre J.-J. Rousseau que nous révérons tous ? Dégoûté des hommes, il se détourne vers le monde fleuri des végétaux, et son esprit droit et ferme s’applique à connaître intimement ces aimables enfants de la nature.

Je ne sache pas qu’il ait eu, dans ses premières années, d’autre goût pour les fleurs que celui qui résulte d’un penchant naturel ou de quelques tendres souvenirs. D’après ses mémoires, c’est après une vie littéraire des plus orageuses, que toute la richesse du règne végétal se dévoila, pour ainsi dire, à ses yeux dans l’île Saint-Pierre, sur le lac de Bienne. Ses lettres écrites d’Angleterre prouvent que ses idées avaient gagné en étendue, et sa liaison avec la duchesse de Portland et d’autres botanistes ou amateurs de plantes, contribua