Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
BOTANIQUE.

maître un autre amateur. L’enseignement est sans doute moins substantiel, mais l’expérience prouve que les amateurs contribuent beaucoup à l’avancement des sciences, et cela se conçoit facilement. Les gens du métier s’efforcent d’être complets et d’étendre le cercle de leurs connaissances ; l’amateur, au contraire, cherche à gagner, à l’aide de quelques faits isolés, un point culminant d’où sa vue puisse embrasser, sinon la totalité, du moins une portion de l’ensemble.

Pour terminer ce qui a rapport à Rousseau, je dirai qu’il mettait un soin et un amour extrême dans la préparation et l’arrangement de ses herbiers, dont il eut souvent à déplorer amèrement la perte ; il n’avait cependant, comme il le dit lui-même, ni l’adresse, ni le soin nécessaire pour ce genre de préparations. Ses changements continuels d’habitation en rendaient la conservation impossible ; il les considérait comme du foin, et ne les appelait jamais autrement.

Mais lorsqu’il recueille avec soin des mousses pour le compte d’un ami, alors nous reconnaissons que le règne végétal excitait chez lui un intérêt passionné qu’il est facile de retrouver dans ses Fragments pour un Dictionnaire des termes d’usage en botanique.

Ce qui précède suffit pour faire voir ce dont je suis redevable à Rousseau durant cette période de mes études.

Libre de tout préjugé national, il s’abandonnait sans réserve à l’impulsion de Linnée, qui était incontestablement dans la voie du progrès ; nous remarquerons ici que c’est un grand avantage de commencer l’étude d’une science dans un moment de crise déterminé par les efforts d’un homme extraordinaire qui cherche à faire triompher la vérité. On est jeune avec la méthode qui l’est aussi, on commence avec une ère nouvelle, on