Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
INTRODUCTION.

d’avancer plus rapidement, et de sortir du cercle étroit dans lequel des recherches pénibles nous retiennent souvent emprisonnés.

Ce qui est vrai de la plupart des entreprises humaines l’est aussi de celles-ci : les efforts de plusieurs, dirigés vers le même but, peuvent seuls amener de grands résultats. Il est évident que la jalousie, qui nous porte à enlever aux autres l’honneur d’une découverte, ainsi que le désir immodéré de conduire à bien et de perfectionner seuls et sans secours étrangers une découverte que nous avons faite, sont de grandes entraves que l’observateur s’impose à lui-même.

Je me suis trop bien trouvé de la méthode qui consiste à travailler avec plusieurs collaborateurs, pour vouloir y renoncer. Je sais au juste à qui je suis redevable de telle ou telle découverte, et ce sera un plaisir pour moi de le faire connaître dans la suite.

Si des hommes ordinaires, mais attentifs, peuvent rendre de si grands services, que n’est-on pas en droit d’attendre de la réunion de plusieurs hommes instruits. Une science est déjà par elle-même une si grande masse, qu’elle peut porter plusieurs hommes, quoiqu’un seul soit incapable d’en supporter le poids. Les sciences sont semblables à ces eaux courantes, mais emprisonnées dans un bassin, qui ne peuvent dépasser un certain niveau. C’est le temps, et non pas les hommes, qui fait les plus belles découvertes ; et les grandes choses ont été accomplies à la même époque par deux ou plusieurs penseurs à la fois. Si nous avons d’immenses obligations à la société et à nos amis, nous devons encore plus au monde et au temps, et nous ne saurions assez reconnaître combien les secours, les avertissements, les communications réciproques et la contradiction, sont nécessaires pour nous maintenir et nous faire avancer dans la bonne voie.