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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/23

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INTRODUCTION.

Dans les sciences, il faut tenir une conduite contraire à celle des artistes. Ceux-ci ont raison de ne pas laisser voir leurs ouvrages avant qu’ils ne soient terminés, ils pourraient difficilement mettre à profit les conseils qui leur seraient donnés, ou s’aider des secours qui leur seraient offerts. L’œuvre terminée, ils doivent prendre à cœur l’éloge et le blâme, en méditer les causes pour les combiner avec leurs observations personnelles, et se préparer, se former avant d’aborder une œuvre nouvelle. Dans les sciences, au contraire, il est utile de communiquer au public une idée naissante, une expérience nouvelle à mesure qu’on les rencontre, et de n’élever l’édifice scientifique que lorsque le plan et les matériaux ont été universellement connus, appréciés et jugés.

Répéter à dessein les observations faites avant nous, ou que d’autres font simultanément, reproduire des phénomènes engendrés artificiellement ou par hasard, c’est faire ce qu’on appelle une expérience.

Le mérite d’une expérience simple ou compliquée, c’est de pouvoir être répétée chaque fois qu’on réunira les conditions essentielles au moyen d’un appareil connu, manié suivant certaines règles, avec l’habileté nécessaire. On a raison d’admirer l’esprit humain en considérant quelles sont les combinaisons qu’il a fallu pour atteindre ce résultat, quelles machines ont été imaginées et sont encore inventées tous les jours dans le but de prouver une vérité.

Quelle que soit la valeur d’une expérience isolée, elle n’acquiert toute son importance que lorsqu’elle est réunie et rattachée à d’autres essais. Mais pour lier deux expériences entre elles il faut une attention et une rigueur que peu d’observateurs savent s’imposer. Deux phénomènes peuvent présenter de la ressemblance sans être aussi analogues qu’ils le paraissent.