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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/223

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BOTANIQUE.

Des capsules me présentèrent aussi un phénomène frappant. J’avais rapporté des environs de Rome plusieurs de celles qui succèdent aux fleurs de l’Acanthus mollis, et les avais placées dans une boîte ouverte ; au milieu de la nuit, je fus réveillé par une crépitation singulière, et j’entendis que des petits corps sautaient contre la muraille ou allaient frapper le plafond. Je m’expliquai le fait à l’instant même, et le lendemain je trouvai des capsules ouvertes et les graines répandues çà et là. La sécheresse de la chambre avait achevé en peu de jours de communiquer à ces fruits une force élastique si prononcée.

Parmi le grand nombre de graines que je soumis à mon examen, j’en dois encore mentionner quelques unes, qui ont perpétué plus ou moins long-temps mon souvenir dans l’antique cité romaine. Des graines de pin germèrent d’une manière bien remarquable ; les plantules s’élevaient comme si elles avaient été enfermées dans un œuf, et laissaient deviner, dans le verticille des cotylédons verts et aciculaires qui entouraient la tigelle, les rudiments des feuilles à venir. Avant mon départ, je plantai cette ébauche d’un arbre futur dans le jardin d’Angelika Kauffmann. L’arbre s’éleva à une assez grande hauteur et prospéra pendant plusieurs années. Des voyageurs bienveillants m’en ont donné des nouvelles qui nous causaient un plaisir réciproque.

Malheureusement, le propriétaire qui succéda à mon amie trouva que ce pin, qui se dressait seul au milieu de son parterre, n’était pas à sa place et il le bannit à l’instant.

Quelques dattiers, que j’avais élevés de graines, pour observer leur développement, furent plus heureux. Je les confiai à un de mes amis de Rome, qui les plaça dans son jardin, où ils continuent à prospérer. Un illustre voyageur a bien voulu me donner l’assurance,