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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/303

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BOTANIQUE.

Je ne saurais m’affliger en aucune façon de ce que je n’ai pas accompli cette tâche, car depuis cette époque la science a fait un pas immense, et les hommes capables ont beaucoup plus de ressources à leur disposition pour lui faire faire de nouveaux progrès. Combien nos dessinateurs, nos peintres, nos graveurs ne sont-ils pas remarquables même comme botanistes ! Celui, en effet, qui s’efforce de représenter, de reproduire un objet, est forcé de le comprendre, de s’en pénétrer ; sans cela son image ne donnerait qu’une idée de l’apparence extérieure de l’objet, et non pas de l’objet lui-même. Si l’on veut que le pinceau, le crayon ou le burin exprimant toutes les transitions délicates, toutes les métamorphoses successives, il faut que l’artiste voie avec les yeux de l’esprit, dans un organe de transition, celui qui va lui succéder et qui doit le suivre nécessairement, il faut que dans un organe anormal il sache toujours apercevoir l’état régulier[1].

Je conçois donc l’espoir, peut-être bientôt réalisé, qu’un homme fort, hardi et judicieux, placé dans le centre de cet ensemble, coordonnera les travaux, déterminera la valeur des observations, et accomplira d’une manière satisfaisante une œuvre auparavant impossible.

Pour ne point nuire à la bonne cause, comme on l’a fait jusqu’ici, on prendrait comme point de départ la métamorphose normale et physiologique ; ensuite on passerait à l’exposition des déformations pathologiques, résultat des errements de la nature ; on mettrait ainsi un terme à cette méthode vicieuse et rétrograde, qui ne parle de métamorphose que lorsqu’il s’agit de formes irrégulières et de monstruosités. Sous ce dernier point de vue, l’ouvrage de Jaeger sur la déformation des végétaux est un progrès réel dans le sens de mes idées. Cet observateur exact et consciencieux aurait accompli nos

  1. Voy. planche III.