Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
BOTANIQUE.

vœux en créant l’œuvre dont nous parlons, s’il avait suivi le développement normal des plantes, comme il a étudié leurs évolutions anormales.

Je joins ici quelques notes que je fis en lisant, pour la première fois, son ouvrage.

Dans le règne végétal, on regarde avec raison comme étant à l’état sain et purement physiologique tout ce qui est réellement normal ; mais tout ce qui est anormal ne doit pas être considéré par cela même comme pathologique. C’est tout au plus si ce mot s’applique à ce qui est véritablement monstrueux. De même, il est beaucoup de cas dans lesquels on parle de défaut, mot qui veut dire qu’il manque quelque chose ; mais il peut aussi y avoir hypertrophie, c’est-à-dire développement sans balancement des organes. On devrait aussi employer avec la plus grande circonspection les mots de développement irrégulier (Missentwickelung), déformation (Missbildung), difformité (Verkruepelung), atrophie (Verkuemmerung), parce que, dans le règne végétal, la nature peut agir avec la plus grande licence, sans toutefois s’écarter de certaines règles fondamentales.

L’état normal existe lorsque les innombrables créations isolées de la nature obéissent à une loi générale qui détermine leurs conditions d’existence et fixe leur usage. Mais ses productions sont anormales, lorsque les créations isolées l’emportent, et se développent d’une manière arbitraire et fortuite en apparence. Comme ces deux états ont beaucoup d’affinité entre eux, et que le normal et l’anormal vivent de la même vie, il en résulte des formations et des transformations alternatives, une oscillation entre le normal et l’anormal, qui est telle, que la règle sera prise pour l’exception et vice versa.

La forme d’une partie du végétal peut être effacée