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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/316

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BOTANIQUE.

homme pratique parfaitement initié dans ces secrets de la nature.

Le vieux jardinier J.‑H. Seidel de Dresde, me montrait plusieurs plantes que je connaissais par des gravures, et qui m’intéressaient parce qu’elles offraient des preuves manifestes à l’appui de la métamorphose. Je lui avais toutefois caché le motif qui me faisait recourir à sa complaisance ; à peine m’eut-il présenté quelques unes des plantes que je lui demandais, qu’il me dit en souriant : je devine aisément quel est votre but, et puis vous faire voir des exemples analogues et bien plus frappants. Il le fit à notre étonnement réciproque : moi, j’admirais combien il s’était accoutumé, pendant une longue vie remplie tout entière par une pratique intelligente, à reconnaître partout ce principe dans les phénomènes si variés de la végétation ; lui s’étonnait de ce qu’un profane avait acquis, en observant attentivement et consciencieusement, la même faculté d’intuition.

Nous nous entretînmes long-temps sur ce sujet, et il m’assura que cette idée l’avait mis en état de résoudre plus d’un problème difficile et qu’il en avait fait une application fréquente à l’horticulture pratique.

* L’influence de cet écrit sur les progrès de la botanique en Allemagne sera fort difficile à apprécier, jusqu’à ce que le conflit des opinions ait un peu cessé, et que les combattants puissent se reconnaître. L’idée de la métamorphose s’est emparée de beaucoup de savants qui ne s’en doutent pas, tandis que d’autres proclament la nouvelle doctrine sans savoir ce dont ils parlent.

Il est très rare qu’une idée qui prend place dans la science soit assez puissante pour pénétrer en même temps dans l’enseignement, condition nécessaire pour qu’elle devienne féconde. Examinons seulement les pas qu’elle a faits successivement.