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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/331

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BOTANIQUE.

vu un homme aussi marquant que l’est M. Decandolle reconnaître l’identité de toutes les parties de la plante, et prouver, par de nombreux exemples, l’extrême mobilité qui leur permet de revêtir des formes variées à l’infini, en vertu des métamorphoses progressives ou récurrentes. Mais nous ne saurions approuver les moyens qu’il emploie pour faire concevoir aux amis de la botanique l’idée fondamentale de laquelle tout dépend. Il a tort, selon nous, de prendre la symétrie pour point de départ, et même de donner ce nom à l’ensemble de sa doctrine. Il suppose que la régularité entre dans le plan primitif de la nature, et nomme tout ce qui s’en écarte des dégénérescences qui nous dérobent le type par des avortements, des hypertrophies, des atrophies et des soudures.

C’est précisément ce langage qui a effrayé M. Vaucher, et nous concevons ses scrupules. Car alors les intentions de la nature seraient fort rarement remplies ; nous marcherions d’anomalie en anomalie sans savoir où nous arrêter. La métamorphose est une idée plus relevée, elle domine à la fois les productions normales et anormales ; elle explique aussi bien la Rose simple que la Rose double, et la Tulipe régulière que l’Orchidée la plus bizarre.

L’adepte de ces doctrines conçoit aussi aisément les insuccès que les succès de la nature ; il voit cette force incessamment mobile créer des plantes dans des circonstances favorables et défavorables, et répandre sous toutes les zones les espèces et les variétés.

Que la forme ou le rapport des parties d’une plante changent sous l’influence de conditions qui tiennent au végétal lui-même ou sous celle des agents extérieurs, cela est conforme à la loi, et aucune de ces déviations ne doit être considérée comme un avortement ou une difformité.