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GÉOLOGIE.

lipipèdes ; en séchant, ils se fendent sur les bords, ce qui leur donne de la ressemblance avec les blocs de glace dont nous parlons. Peut-être le nom de ces fromages vient-il du latin serum, petit lait. »

Quoique bien insuffisantes, ces relations m’ont suggéré, après des études répétées sur les formes de montagnes, les réflexions suivantes. Les masses de neige, dès qu’elles se solidifient et qu’elles passent d’un état floconneux et pulvérulent à une consistance solide, se divisent en masses régulières ; il en a été de même, et encore aujourd’hui il en est de même des grandes masses minérales ; quand elles sont debout, elles ressemblent à de grands pans de muraille placés sur le sommet des montagnes ; de même, les masses granitiques simulent des murs, des tours et des colonnes sur la crête des chaînes continues. Ces grandes masses de glace ne sont probablement pas limitées par des surfaces planes et unies. Elles présentent, comme les fromages auxquels nous les comparons, des fissures qui, selon moi, ne sont pas accidentelles, mais régulières.

Si nous considérons les grandes parois verticales (emporstehende Klippen) qui se trouvent dans le Harz, telles que l’Arendtsklint et les silex pyromaques de Wernigerod, nous ne saurions nous étonner de ce que l’imagination la moins hardie y voit des fromages ou des gâteaux entassés les uns sur les autres. Non seulement les roches primitives, mais encore le grès bigarré et les terrains d’une époque plus récente dénotent cette tendance à se séparer en parallélipipèdes, qui se divisent ensuite eux-mêmes suivant la diagonale. J’ai cherché, il y a déjà quarante ans, à vérifier cette loi dans les montagnes du Harz, et je conserve encore de très beaux dessins, ouvrage d’un artiste du premier mérite. Je n’étais pas éloigné de penser que ces grandes scissions