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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/448

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GÉOLOGIE.

et sera, nous l’espérons, accueillie favorablement par les naturalistes.

Il paraît que dans cette circonstance on s’est laissé induire en erreur, comme cela arrive souvent, en s’appuyant sur des prémisses inexactes. Les colonnes, a-t-on dit, sont rongées par des pholades ; celles-ci vivent dans la mer, donc la mer a dû monter assez haut pour baigner le fût des colonnes pendant quelque temps.

On peut faire le raisonnement inverse, et dire : Puisque l’on trouve une preuve de l’existence de pholades à trente pieds au-dessus du niveau de la mer, et qu’on peut prouver qu’une mare s’est formée accidentellement à cette hauteur, les pholades de toutes espèces peuvent vivre dans l’eau douce ou dans celle qui a été salée par la présence de cendres volcaniques. Et je dirai sans hésiter : Toute explication qui se fonde sur un fait nouveau mérite l’attention des savants.

Imaginez, au contraire, la Méditerranée s’élevant à trente pieds au-dessus de son niveau ordinaire dans les siècles chevaleresques et religieux du moyen-âge. Quel changement sur tout son littoral ! que de golfes nouveaux, de terres emportées, de ports comblés ! de plus, il faut admettre que l’eau est restée plus ou moins long-temps à cette hauteur ; et aucune chronique, aucune histoire de prince, de ville, d’église ou de couvent n’en fait mention, tandis que la série des renseignements que nous avons sur tous les siècles qui ont suivi la domination romaine, n’est jamais totalement interrompue. Cette supposition est complètement inadmissible : mais j’entends des lecteurs se récrier et dire : Pourquoi luttez-vous ? contre qui ? a-t-on jamais soutenu que cette invasion de la mer avait eu lieu dans les siècles chrétiens ? Non, elle remonte à des temps plus reculés, à la période fabuleuse.

Nous ne répliquerons rien de plus, il nous suffit