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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/46

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ANATOMIE

augmenter de volume qu’aux dépens d’une autre, et vice versâ. Telles sont les barrières dans l’enceinte desquelles la force plastique se joue de la manière la plus bizarre et la plus arbitraire sans pouvoir jamais les dépasser ; cette force plastique règne en souveraine dans ces limites, peu étendues, mais suffisantes à son développement. Le total général au budget de la nature est fixé ; mais elle est libre d’affecter les sommes partielles à telle dépense qu’il lui plaît. Pour dépenser d’un côté, elle est forcée d’économiser de l’autre, c’est pourquoi la nature ne peut jamais ni s’endetter ni faire faillite (2).

Essayons de nous guider, au moyen de ce fil conducteur, dans le labyrinthe de l’organisation animale, et nous verrons qu’il nous conduira jusqu’aux êtres organisés les plus amorphes. Appliquons-le d’abord à la forme, en manière d’essai, pour nous en servir plus tard dans l’étude des fonctions.

L’animal, pris isolément, est à nos yeux un petit monde, qui existe par lui-même et pour lui-même. Chaque être renferme en lui la raison de son existence ; toutes les parties réagissant les unes sur les autres, il résulte de cette action réciproque que le cercle de la vie se renouvelle sans cesse ; aussi chaque animal est-il physiologiquement parfait.

Aucun organe considéré en se plaçant au centre de l’animal, n’est inutile, ou bien, comme on se l’imagine souvent, le produit accidentel de la force plastique ; à l’extérieur, certaines parties peuvent paraître superflues parce qu’elles ne sont en rapport qu’avec l’organisation intérieure, et que la nature s’est peu inquiétée de les mettre en harmonie avec les parties périphériques. Désormais on ne se demandera plus à propos de ces parties, les canines du Sus babirussa[1], par exemple, à

  1. Voy. pl. I, fig. 3.