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COMPARÉE.

quoi servent-elles ? mais d’où proviennent-elles ? On ne soutiendra plus que le taureau a des cornes pour pousser, mais on recherchera pourquoi il a les cornes dont il se sert pour pousser. Le type que nous allons construire et analyser dans tous ses détails, est invariable dans son ensemble, et les classes supérieures des animaux, les mammifères, par exemple, montrent, malgré la diversité de leurs formes, un accord parfait dans leurs différentes parties.

Mais tout en nous attachant constamment à ce qui est constant, nous devons faire varier nos idées quand il s’agit d’organes variables, afin de pouvoir suivre habilement le type dans toutes ses métamorphoses, et ne jamais laisser échapper ce protée toujours changeant.

Si l’on demande quelles sont les circonstances qui déterminent une destination si variable, nous répondrons que les modificateurs ambians agissent sur l’organisme, qui s’accommode à leur influence. De là sa perfection intérieure, et l’harmonie que présente l’extérieur avec le monde objectif.

Pour rendre palpable en quelque sorte l’idée de la balance parfaite qui existe entre les additions et les soustractions de la nature, nous rapporterons quelques exemples. Les serpents occupent une place très élevée parmi les êtres organisés ; ils ont une tête distincte, munie d’un organe appendiculaire parfait, c’est-à-dire d’une mâchoire réunie sur la ligne médiane ; mais leur corps se prolonge pour ainsi dire à l’infini, parce qu’il n’y a ni matière, ni force employée pour les organes accessoires. Du moment que ceux-ci apparaissent dans le lézard, qui n’a que des jambes et des bras très courts, ce prolongement indéfini du tronc s’arrête, et le corps se raccourcit. Le développement des membres postérieurs de la grenouille réduit son corps à une longueur