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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/63

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COMPARÉE.

E. Différences de grandeur.

La taille des animaux étant très diverse, leurs parties osseuses doivent offrir les mêmes différences. Celles-ci peuvent être appréciées par des mesures exactes, et plusieurs anatomistes, entre autres Daubenton, en ont fait beaucoup. Si la forme ne variait pas en même temps que les proportions, le parallèle serait facile à établir entre le fémur, par exemple, d’un petit animal et celui d’un grand mammifère.

À cette occasion je poserai une question, dont la solution définitive intéresse l’histoire naturelle en général. Je demanderai si la grandeur a une influence sur la forme, et jusqu’à quel point cette influence est puissante ?

Nous savons que les animaux très grands sont en général disgracieux, soit que la masse domine la forme, ou bien que les proportions des membres comparés entre eux ne soient pas heureuses.

Il semble au premier coup d’œil qu’un lion de vingt pieds de haut pourrait tout aussi bien exister qu’un éléphant de la même taille, et que cet animal, s’il était bien proportionné, serait aussi agile que les lions ordinaires. Mais l’observation démontre que les mammifères, parfaitement développés, ne dépassent pas un certain volume ; à mesure que la masse va en augmentant, la forme s’appauvrit et la difformité commence. On a même cru remarquer, parmi les hommes, que ceux qui sont trop grands, sont moins intelligents que ceux d’une petite taille. On a dit aussi qu’une figure grossie par un miroir concave n’avait plus de physionomie. Il semble, en effet, que la masse seule soit accrue et non point en même temps la puissance de l’esprit qui la vivifie.