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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/78

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ANATOMIE

Mais l’on ne saurait s’occuper des caractères extérieurs sans éprouver bientôt le besoin de pénétrer, par l’anatomie, dans la structure interne des corps organisés. C’est un mérite, sans doute, de reconnaître et de classer un minéral au premier coup d’œil, mais ce n’est que par la chimie qu’on peut acquérir une connaissance approfondie de sa nature.

Ces deux sciences, l’anatomie et la chimie, ont, pour celui qui ne les connaît pas, un aspect plutôt repoussant que séducteur ; l’une se présente à nous avec son charbon, ses fourneaux, ses analyses et ses mélanges ; l’autre avec ses scalpels, ses débris hideux et putréfiés. Mais c’est méconnaître l’esprit de ces deux sciences que de s’en tenir à ces premières impressions. Toutes deux exercent nos facultés de la manière la plus variée. La chimie, après avoir séparé les éléments d’une substance, peut les réunir et créer ainsi, par la synthèse, de nouveaux corps, comme on le voit dans la fermentation. L’anatomie ne sait que disséquer, mais elle fournit à l’intelligence de nombreuses occasions de comparer la vie à la mort, les organes isolés aux organes réunis, ce qui n’est plus à ce qui n’est pas encore ; elle nous laisse, plus que toute autre étude, plonger un regard scrutateur dans la profondeur de la nature.

Les médecins sentirent de bonne heure combien il était nécessaire de disséquer le corps humain pour apprendre à le mieux connaître. L’anatomie des animaux marcha parallèlement avec celle de l’homme, quoique d’un pas moins égal. On recueillit des observations isolées, on compara certaines parties des animaux entre elles ; mais on est encore réduit, et on le sera peut-être long-temps, à désirer la création d’un ensemble systématique[1].

  1. Welsch. Somnium Vindiciani sive desiderata medicinæ. Vind. 1676.