Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
COMPARÉE.

tous les animaux et les différences qu’elles présentent ; puis nous les coordonnerons et nous en déduirons une image abstraite et générale.

Nos résultats ne sont pas hypothétiques, leur nature même nous en est un sûr garant. Car, en recherchant les lois suivant lesquelles sont formés des êtres distincts vivant et agissant par eux-mêmes, nous ne nous perdrons pas dans l’infini, mais nous nous instruirons sur ce qui nous concerne. L’idée seule d’un être vivant, existant par lui-même, séparé des autres et doué d’une certaine spontanéité, emporte avec elle l’idée d’une variété infinie dans une unité absolue. Nous sommes donc assurés d’avance de l’unité, de la variété, et de la concordance harmonique des parties de l’objet. Il s’agit maintenant de le concevoir d’une manière simple, mais large ; indépendante, mais sage ; rapide, mais réfléchie : de le saisir et de le manier avec force et prudence, en y appliquant cette force intellectuelle complexe, à laquelle on a donné le nom de génie. C’est avec les forces équivoques dont elle dispose que nous devons lutter contre le génie toujours puissant et réel de la nature créatrice. Si plusieurs hommes pouvaient se réunir et attaquer simultanément cet immense sujet, on verrait un résultat dont le genre humain tout entier aurait le droit de s’enorgueillir.

Nos travaux, quoique purement anatomiques, doivent cependant avoir toujours, afin d’être fructueux, une tendance physiologique. Il faut non seulement avoir égard au rapprochement des organes, mais encore à leur influence, leur dépendance et leurs actions vitales réciproques. Car, dans l’état de santé, les parties vivantes sont dans un état d’échange perpétuel ; leur conservation dépend de l’action mutuelle des organes l’un sur l’autre ; leur formation, leurs usages, voire même leurs anomalies, sont produites et déterminées par une