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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/90

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ANATOMIE

Le végétal n’est un individu[1] qu’au moment où il se sépare de la plante-mère sons forme de graine. Dès que la germination commence, c’est un être multiple dans lequel non seulement des parties identiques se reproduisent toujours les mêmes, mais où elles se modifient successivement au point que nous croyons avoir sous les yeux un tout unique composé de parties très différentes.

Mais l’observation et même la simple intuition prouvent que cet ensemble se compose de parties indépendantes les unes des autres ; car des plantes divisées en fragments et confiées à la terre repoussent sous la forme de nouveaux ensembles.

Pour l’insecte, c’est tout autre chose ; l’œuf qui se sépare de la mère à tous les caractères de l’individualité ; la chenille qui en sort, tous ceux d’une unité distincte. Non seulement ses anneaux sont liés entre eux, mais encore ils sont rangés suivant un ordre déterminé, et subordonnés les uns aux autres ; ils paraissent sinon animés d’une volonté unique, du moins entraînés par le même appétit. On distingue une tête et une queue, une face antérieure et une face postérieure, les organes occupent une place fixe, et l’un ne peut pas se substituer à l’autre.

La chenille est néanmoins un être imparfait, inapte à la plus importante de toutes les fonctions, la reproduction ; ce n’est que par une transformation qu’elle peut s’élever jusqu’à elle.

Dans la plante on observe des états successifs coexistants dans le même être ; lorsque la fleur se développe, la tige et la racine existent encore ; la fécondation s’accomplit tandis que les organes préexistants et préparateurs sont encore pleins de vie et de force. Ce n’est

  1. In non, divisus divisé.