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ANATOMIE

quelques unes ont disparu complètement ; d’autres sont encore visibles. Il existe trois sections : la tête et ses appendices, le thorax qui porte les membres, et l’abdomen avec les organes qu’il contient. Loin de nous de vouloir nier l’individualité de la chenille ; cependant elle nous paraissait imparfaite par cela même que ses parties étaient dans un état d’indifférence relative ; l’une avait autant de valeur et de puissance que l’autre, et il en résultait que les fonctions de nutrition, de sécrétion secondaire pouvaient seules s’accomplir ; tandis que toutes les sécrétions de sucs élaborés, qui produisent un nouvel individu, étaient tout-à-fait impossibles. Mais lorsque, par suite d’un travail intérieur, lent et successif, les organes susceptibles de métamorphose se sont élevés au plus haut degré de perfection ; lorsque, sous l’influence d’une température élevée, le corps s’est déchargé et vidé des sucs qui l’engorgeaient, alors les parties deviennent d’abord distinctes, puis se séparent, et revêtent, malgré leur secrète analogie, des caractères arrêtés et tranchants ; ils se groupent en systèmes et concourent ensemble à l’accomplissement des fonctions aussi variées qu’énergiques dont l’ensemble constitue la vie.

Quoique le papillon soit un être bien imparfait et bien transitoire comparé aux mammifères, il montre cependant par les métamorphoses qui se passent sous nos yeux la supériorité d’un animal parfait sur une créature ébauchée. Les parties sont distinctes, aucune ne saurait être confondue avec l’autre, chacune a ses fonctions déterminées auxquelles elle est intimement unie. Rappelons-nous encore ces expériences qui prouvent que chez certains animaux[1] des membres peuvent se reproduire après avoir été coupés. Ceci n’a

  1. Les écrevisses, les salamandres.