Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/139

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n'entend pas parler d'autre chose; des faux prophètes et des hypocrites trompent indignement les hommes. Tout le monde vit ainsi, et, quand on veut les exhorter à changer, ils le prennent légèrement et vous répondent: «Eh! si le péché était aussi lourd et aussi grand qu'on nous l'a prêché, ici et là, le prêtre serait le premier à l'éviter.» Ils s'excusent ainsi par le mauvais exemple et ressemblant tout à fait aux singes qui, nés pour imiter sans choix et sans raison, s'attirent une correction sévère. Il est vrai que les ecclésiastiques devraient mieux se conduire; ils pourraient faire bien des choses à condition de les faire secrètement; mais ils ne nous ménagent guère, nous autres laïques, et font tout ce qui leur plaît devant nous, comme si nous étions aveugles; mais nous le voyons trop clairement, les vœux qu'ils ont faits plaisent aussi peu à ces messieurs qu'ils plaisent beaucoup aux pécheurs amoureux des œuvres mondaines. Ainsi, par delà les Alpes, les prêtres ont ordinairement chacun une maîtresse; de même, dans nos provinces, il n'y en a guère moins qui ne commettent ce péché. On m'a même dit qu'ils ont des enfants comme les personnes mariées; et ils n'épargnent ni soins ni zèle pour les mettre au pinacle. Ceux-ci ne pensent nullement à leur origine, ne cèdent le pas à personne, passent fiers et droits comme s'ils étaient d'une race noble et pensent que tout cela est légitime. Autrefois on ne tenait pas tant de compte de ces enfants de prêtres; maintenant, on les appelle tous dames et seigneurs. Vraiment, l'argent est tout-puissant. On aura peine à trouver des principautés où les prêtres ne lèvent pas des impôts et ne mettent à profit les villages et les moulins. Ce sont eux qui pervertissent le monde, la commune apprend à faire mal; car où le prêtre possède, tout le monde pèche et un aveugle entraîne un autre loin du bien. Qui remarque les bonnes œuvres des prêtres pieux et comme