Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/170

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chasseurs à peu de distance du chemin. Le chat dit: «C'est ici qu'un bon conseil serait précieux!» Mon père répliqua: «Le cas est pressant, mais j'ai rempli mon sac de conseils excellents et nous tiendrons notre serment de ne pas nous quitter; c'est ce qui doit passer avant tout.» Hinzé répondit: «Advienne que pourra, je sais un bon moyen et je vais l'employer.» Et il grimpa vite sur un arbre pour échapper aux chiens, et il planta là son compagnon. Mon père restait donc seul dans sa détresse; les chasseurs arrivèrent. Hinzé lui dit: «Eh bien, mon oncle, comment cela va-t-il? Ouvrez donc votre sac! S'il est plein de bons conseils, c'est maintenant qu'il faut s'en servir: le moment est arrivé.» Les chasseurs donnèrent du cor et s'appelèrent entre eux. Mon père se mit à courir, les chiens le poursuivirent avec force aboiements: il criait de peur et jeta son lest plus d'une fois; il s'en trouva plus léger et échappa à ses ennemis. Vous venez de l'entendre, il avait été trahi d'une manière intime par son plus proche parent en qui il avait toute confiance. Il manqua d'y perdre la vie; car les chiens étaient si vites, que c'en était fait de lui s'il ne s'était pas souvenu d'une caverne où il se glissa et où ses ennemis le perdirent de vue. Il y a encore bien des gens qui se conduisent comme Hinzé s'est conduit jadis avec mon père; comment puis-je l'aimer et l'honorer? Il est vrai que je lui ai à moitié pardonné, mais il en reste encore quelque chose. Tout cela était représenté sur le miroir avec des figures et des mots.

On y voyait encore un tour de la façon du loup qui montre sa reconnaissance pour le bien qu'on lui a fait. Il avait trouvé dans un pâturage un cheval dont il ne restait que les os; mais il était affamé: il se jeta dessus comme un glouton et un os se mit en travers dans son gosier. Il se trouvait fort embarrassé, il était dans un mauvais cas. Il envoya message sur message pour appeler les médecins; personne ne put le secourir, quoiqu'il en eût offert à tous une