Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la martre, la belette, l'hermine, l'écureuil et beaucoup d'autres qui lui étaient hostiles auparavant et naguère encore n'osaient pas prononcer son nom; ils accoururent tous près de lui. Il se trouva alors avoir pour parents ceux qui l'accusaient jadis; ils venaient lui présenter leurs femmes et leurs enfants, les grands, les moyens, les petits, et même les tout petits; chacun le fêtait, le flattait; cela n'en finissait pas.

Dans le monde, il en est toujours ainsi. À celui qui est heureux on souhaite santé et bonheur; il trouve des amis en foule. Mais celui qui est tombé dans la misère n'a qu'à prendre patience. C'est ce qui arriva en cette circonstance; chacun voulait avoir le premier rôle auprès du vainqueur. Les uns jouaient de la flûte, les autres chantaient, d'autres encore jouaient de la trompette ou des timbales. Les amis de Reineke lui disaient: «Réjouissez-vous! vous avez jeté un nouveau lustre sur vous et votre race dans cette journée! Nous étions bien affligés de vous voir succomber; mais la chance a tourné bientôt et par un coup de maître.» Reineke dit modestement: «Le bonheur m'a favorisé.» Et il remercia ses amis. Ils s'en vinrent tous à grand bruit, précédés par Reineke et les juges du camp. Ils arrivèrent ainsi devant le le trône du roi et Reineke s'agenouilla. Le roi lui ordonna du se lever et lui dit devant tous les seigneurs: «C'est un beau jour pour vous; vous avez défendu votre cause avec honneur. En conséquence, je vous proclame quitte. Vous êtes relevé de tout châtiment; je tiendrai prochainement à cette occasion un conseil avec mes gentilshommes, aussitôt qu'Isengrin sera rétabli; pour aujourd'hui, la cause est entendue.

— Sire, répondit modestement Reineke, votre conseil est bon à