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Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/53

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souris? Elles sont engraissées, je crois. Si Martinet savait seulement que vous mangez de ce gibier, certainement il vous apporterait de la moutarde; c'est un enfant plein d'attentions. Est-ce que l'on chante ainsi à la cour pendant le dîner? Je n'aime pas cette musique. Si seulement Isengrin était dans ce trou pris au piège comme vous, il me payerait tout le mal qu'il m'a fait!» Et Reineke s'en alla.

Mais il ne s'en alla pas pour se livrer à ses voleries ordinaires; pour lui, l'adultère, le vol, le meurtre et la trahison n'étaient pas des péchés; et il s'était mis en tête une autre aventure. Il voulait visiter la belle Girmonde, dans une double intention. D'abord, il espérait apprendre d'elle ce dont Isengrin l'accusait; puis le scélérat voulait renouveler ses vieux péchés. Isengrin était parti pour la cour et il voulait en profiter; car qui en doute? la passion de la louve pour l'infâme renard avait allumé la colère du loup. Reineke entra dans l'appartement de la dame; elle n'était pas à la maison. «Bonjour, petits bâtards,» dit-il, ni plus ni moins, aux enfants en les saluant, et il s'en alla à ses affaires.

Lorsque dame Girmonde rentra le matin, elle dit: «Est-ce que personne n'est venu me demander?--Notre parrain Reineke vient de sortir à l'instant; il avait à vous parler. Tous, tant que nous sommes ici, il nous a appelés ses petits bâtards--Il me le payera!» s'écria Girmonde. Et vite elle courut se venger de cette injure à l'instant même. Elle savait où le trouver; elle l'atteignit et l'apostropha ainsi en colère: «Qu'avez-vous dit? quelles sont ces paroles injurieuses que vous avez prononcées effrontément devant mes enfants? Vous me le payerez!» Telles furent ses paroles. Elle lui montre un visage enflammé de