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Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/143

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Il était facile de voir que, depuis longtemps, elle n’avait entendu le service divin. On mit le cercueil ouvert vis-à-vis de l’autel. Le vieux centenier embrassa pour la dernière fois la morte, se prosterna, et sortit avec les porteurs en donnant l’ordre de bien nourrir le philosophe, et de le ramener à l’église après souper. En arrivant à la cuisine tous ceux qui avaient porté le cercueil appliquèrent leurs mains contre la cheminée, habitude des Petits-Russiens quand ils ont vu un mort.

La faim, qui commençait à presser le philosophe, lui fit d’abord complétement oublier la défunte. Bientôt tous les gens de la maison commencèrent à se rassembler dans la cuisine. Cette cuisine était une espèce de club où se réunissait tout ce qui habitait la cour du logis, y compris même les chiens, qui arrivaient en remuant la queue jusqu’à la porte, pour recevoir les os et les débris. Quelque part qu’un valet fût envoyé, et pour quelque affaire que ce fût, il ne manquait pas de commencer par entrer dans la cuisine pour s’y reposer un instant et fumer une pipe. Tous les gens non mariés que renfermait la maison, et qui portaient un caftan de Cosaque, étaient couchés là, tout le jour, sur les bancs, sous les bancs, sur le four de la cheminée, en un mot partout où il était possible de s’étendre. Et puis chacun d’eux oubliait toujours dans la cuisine ou son bonnet, ou son fouet, ou quelque