Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/39

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côté pour tâcher d’entendre leur conversation. Ah ! ma chère, quelles bêtises ils se racontaient !… Qu’une dame, en dansant, avait fait une figure au lieu d’une autre ; qu’un monsieur Boboff, avec son jabot, ressemblait à une grue, et avait manqué choir ; qu’une madame Lidine s’imagine avoir les yeux bleus tandis qu’ils sont verts, et ainsi du reste. Je ne sais, en vérité, ma chère, ce qui lui plaît dans ce Téploff. Qu’a-t-elle donc à s’extasier sur son compte ?


Il me semble à moi-même qu’il y a là-dessous quelque manigance. Impossible que ce Téploff lui ait tourné la tête à ce point. Continuons.


Ma foi, si ce gentilhomme plaît, je ne vois pas pourquoi cet employé, qui se tient d’ordinaire dans le cabinet du papa, ne plairait pas non plus. Ah ! ma chère, voilà par exemple une horreur. Il a l’air d’une tortue dans un sac.


Qui pourrait être cet employé ?


Son nom de famille est très-étrange. Il est toujours assis, et toujours à tailler des plumes. Ses cheveux ressemblent beaucoup à du foin. Le papa l’envoie toujours au lieu d’un domestique....


Ah çà ! il me semble que c’est de moi que veut parler ce misérable petit chien. Mais.... est-ce que mes cheveux ressemblent à du foin ?


Sophie ne peut jamais s’empêcher de rire quand elle le regarde.


Tu mens, maudite chienne. Quelle langue infâme !