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Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/70

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cocher s’occupait à distiller de l’eau-de-vie avec des feuilles de pêcher, des fleurs de mûrier et des noyaux de cerises ; et à la fin de l’opération, il ne pouvait plus remuer la langue, ou bien il disait de telles sottises que Pulchérie Ivanovna, n’y pouvant rien comprendre, l’envoyait dormir à la cuisine. Il se cuisait, se séchait et se salait une telle quantité de ces ingrédients qu’ils auraient fini par inonder les greniers et les caves (car Pulchérie Ivanovna aimait à faire des provisions bien au delà des besoins), si la plus grande partie de ces friandises n’eût été dévorée par les servantes, qui, une fois introduites dans le garde-manger, s’en bourraient à tel point qu’elles se plaignaient en gémissant, tout le reste du jour, de maux d’estomac. Pulchérie Ivanovna n’avait pas trop la possibilité d’entrer dans les détails de l’administration des terres ; l’intendant, d’accord avec le starosta[1], la pillait d’une façon impitoyable. Ils avaient l’habitude de couper dans les bois de leur seigneur comme si c’eût été leur propre bien ; ils y faisaient fabriquer une foule de traîneaux qu’ils envoyaient vendre à la plus prochaine foire ; ils vendaient aussi tous les gros chênes aux meuniers du voisinage. Une fois seulement, Pulchérie Ivanovna exprima le désir de faire l’inspection de ses bois. On lui attela

  1. Chef des paysans, mais paysan lui-même.