troupes dans la ville, et demain on les mène tous au supplice.
Tarass regarda les juifs entre les deux yeux, mais déjà sans impatience et sans colère.
— Et si ta seigneurie veut une entrevue, il faut y aller demain de bon matin, avant que le soleil ne soit levé. Les sentinelles consentent, et j’ai la promesse d’un Leventar. Seulement je désire qu’ils n’aient pas de bonheur dans l’autre monde. Ah weh mir ! quel peuple cupide ! même parmi nous il n’y en a pas de pareils ; j’ai donné cinquante ducats à chaque sentinelle et au Leventar…
— C’est bien. Conduis-moi près de lui, dit Tarass résolument, et toute sa fermeté rentra dans son âme. Il consentit à la proposition que lui fit Yankel, de se déguiser en costume de comte étranger, venu d’Allemagne ; le juif, prévoyant, avait déjà préparé les vêtements nécessaires. Il faisait nuit. Le maître de la maison (ce même juif à cheveux roux et couvert de taches de rousseur) apporta un maigre matelas, couvert d’une espèce de natte, et l’étendit sur un des bancs pour Boulba. Yankel se coucha par terre sur un matelas semblable.
Le juif aux cheveux roux but une tasse d’eau-de-vie, puis ôta son demi-caftan, ne conservant que ses souliers et ses bas qui lui donnaient beaucoup de ressemblance avec un poulet, et il s’en fut se coucher