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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/81

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Je pensais, dans la tranquillité, élever mon fils pour la vengeance… Et voilà qu’en songe il s’est remontré à moi, terrible, terrible ! Dieu vous garde de l’apercevoir ! Mon cœur en bat encore… « Je tuerai ton fils, Katerina ! cria-t-il, si tu ne veux pas te marier avec moi… »

Et, sanglotante, elle se jeta sur le berceau ; mais l’enfant effrayé étendit sa petite main et cria.

Le fils de l’essaoul bouillait et étincelait de colère, en écoutant ce récit. Il sortit, et l’essaoul lui-même, en levant ses yeux perçants, s’écria :

― Qu’il essaie de venir ici, ce maudit antéchrist ; il sentira ce qui reste de force dans les mains d’un vieux Kosak ! Dieu sait si j’ai galopé pour venir secourir notre frère Danilo ! C’était sa sainte volonté ! Il repose dans le lit froid où sont déjà couchés beaucoup de braves du peuple kosak. Est-ce que sa fête funéraire n’a pas été assez belle pour lui ? Avons-nous laissé un seul Liakh en vie ? Tranquillise-toi, mon enfant ! Personne n’osera te toucher, tant que moi et mon fils serons vivants.

En achevant ces mots, le vieil essaoul alla vers le berceau, et l’enfant, à la vue de la superbe pipe, suspendue par une courroie, dans une gaîne