Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/228

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Il s’engouffre aux tombeaux où la Mort même est morte
Et sonne aux bains déserts où nous nous réfugions.
Un épervier lointain plane au-dessus des portes :
          Ô Rome, où sont tes légions ?

Et, tièdes d’un passé grandiose, accablées,
Toutes, de leur pâleur tragique d’ossement,
Immobiles, là-bas, dans leur isolement,
— Ô douloureux cortège, ô livide assemblée —

Les colonnes debout en face de la nuit,
          Contre l’azur impérissable,
Dans ce cirque où le vent seul exalte son bruit
          Mêlé de lumière et de sable,

Tes colonnes partout, ô Timgad, se levant
Du forum au théâtre et du temple au prétoire,
Taciturnes témoins que délègue l’histoire,
Laissent leurs pierres d’or me parler dans le vent.